Depuis que je suis mort

Alors, écoutez-moi tous, écoutez-moi, écoutez-moi tous autant que vous êtes
Combien d’entre vous peuvent m’affirmer
Mais alors sans hésiter, sans gamberger, sans sourciller
Combien donc peuvent m’affirmer, sans la ramener non plus
Qu’ils n’ont pas peur de la mort ?

Alors, voyons… ça se bouscule pas hein, on dirait.
Eh bien vous avez tort et si vous voulez mon avis
C'est avant la mort qu'il faut se demander s'il y a une vie

Depuis que je suis mort
Le temps n’est plus compté
Une seconde c’est l’aurore
La suivante, le coucher

Tout n’est plus qu’avenir
Et pour l’éternité
Plus question de vieillir
Je me fous du passé

Eh oui comme vous j’en avais peur, j’avais peur mes frères mes amis
Vous tous : gamins et vieux, hipsters, chômeurs,
Altermondialistes, fonctionnaires, punks à chiens, contrôleurs,
Banquiers, bons à rien, crevards, taulards, alcooliques ménagères…
J’avais peur, mais je suis allé au bout du tunnel et j’ai vu la lumière.

C’était un train, à l’arrêt
Le chef de gare m’a invité à monter.
Et monter dans un train quand on n’a rien à faire, ça ne se refuse pas.
Donc je suis monté : il y avait plein de place
Et naturellement je suis allé m’asseoir en première ... aah ! la classe.

Depuis que je suis mort
C’est cocktails et galeries
On me croit cousu d’or
Je mène la grande vie

Depuis que je suis mort
Je n’pense plus à mes sous
Je n’pleure plus sur mon sort
Je vis bien mieux que vous

Alors donc, qu’est-ce qu’on va faire, hein ? On va prendre un train, n’importe lequel :
Un train qui passe, histoire d’occuper les vaches
Un train pas en grève, un train pas en retard, un train qui roule
Un train qui nous éloigne du tumulte et de la foule
Et puis ce train, on va parler d’où il vient et surtout d’où il va
On va se demander pourquoi depuis toujours
Après avoir fait sans encombre l’aller, vous avez si peur du retour

On va parler de comment vos vies arides
On bien pu vous faire craindre le vide
On va parler de tout, de rien et puis forcément
On va rouler de plus en plus vite, de plus en plus loin.

Depuis que je suis mort
Y a des fois, je m’en veux
J’ai presque des remords
D’avoir vécu si vieux

Finis les souvenirs
Qui rôdent et qui me hantent
Y a plus que du plaisir
Et des lendemains qui chantent

Maintenant, la différence entre les deux trains,
C’est qu’il y en a un, le train de la vie, qui fait « poum poum » (4x)
Alors que l’autre, le train de la mort, il fait juste : « Pîîîîîîîîîîîî ! »
Et puis c’est tout.

Depuis que je suis mort
Je dépense sans compter
Je flambe, je claque, je sors
Et je pars sans payer

Plus b’soin d’gagner sa vie
Sitôt qu’on l’a perdue
Vous voulez mon avis ?
La mort c’est moins tordu